Iles du Salut, quel drôle de nom pour un bagne !
En face de Kourou se trouve un archipel tristement célèbre pour avoir abrité l’un des plus fameux bagnes de notre histoire.
Justement, un peu d’histoire-géo pour commencer.
Les îles du Salut, situées à une quinzaine de kilomètre de la côte sont composées de 3 ilots volcaniques : l’île Royale (qui accueillait l'administration ainsi que l'hôpital), l’île Saint Joseph (qui enfermait les « fortes têtes ») et l’île du Diable (réservée aux espions, aux détenus politiques ou de droit commun).
Bien que renvoyant une image atroce et humiliante en raison de certains traitements réservés aux prisonniers, il s’agissait en fait du bagne le moins dur de Guyane. Situé en mer et non pas en forêt, le climat y était plus supportable et les maladies moins présentes. Et finalement, son taux de mortalité y était inférieur à celui des autres bagnes. Ceux qui arrivaient-là étaient soit les « rebelles » des autres bagnes qu’on mettait en quelque sorte à l’isolement (Henri Charrière dit Papillon en faisait partie), soit des prisonniers « spéciaux » dont le plus célèbre est Alfred Dreyfus qui passa 4 ans dans sa case de l’île du Diable.
Le bagne fondé sous le règne de Napoléon III en 1854, ferma ses portes en 1946, après la seconde guerre sous la pression de l’opinion internationale.
Pourquoi ce nom saugrenu ?
Avant d’abriter le bagne, les îles du Salut ont servi de bouée de sauvetage à quelques rescapés de l’expédition dite de Kourou entreprise entre 1763 et 1765 afin de réaffirmer la puissance coloniale française. Cette opération fut un désastre, et la plupart des colons furent décimés par la fièvre jaune et d’autres trucs moches. Les quelques survivants se refugièrent sur les îles en raison de son climat plus favorable et son absence de moustiques, et les rebaptisèrent donc en conséquence.
Aujourd’hui, on vient se détendre une journée ou un week-end dans ce lieu chargé d’histoire mais néanmoins très esthétique, poser son hamac entre les cocotiers, pêcher entre les îles, nager dans la plus belle eau de Guyane, ou dormir dans les anciens locaux de l’administration pénitentiaire transformés en auberge.
Pour la petite histoire, les iles appartiennent désormais au centre spatial Guyanais basé à Kourou, et se trouvent sur la trajectoire de lancement des fusées, où des débris peuvent éventuellement atterrir en cas de décollage avorté. Lors d’un tir, l’archipel et un important périmètre marin sont systématiquement évacués. C’est ainsi que notre première tentative de visite s’est arrêtée sur le ponton de l’île Royale, quand après une heure de traversée, le capitaine a reçu l’ordre de faire demi-tour, en raison d’un décollage imminent… qui sera finalement une nouvelle fois reporté !