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Norge 2008 – syvende og siste episode: gjør merkelige ting

Publié le par Yves

Norvège 2008 – septième et dernier épisode : trucs de ouf’

 

Aux îles Lofoten, on a fait quelques belles rando hors sentier, sur des pentes vertigineuses, et je pensais bien qu’on vivait nos « pires » moments d’intensité musculaire.

Mais non, on a réussi à faire encore mieux. Ça se passe un peu plus au nord, dans les Alpes de Lyngen, une région montagneuse comme son nom le laisse supposer, et où à partir de 300 mètres d’altitude, la végétation disparaît pour laisser la place à des cailloux, des pierres, de la roche, des blocs, des pierriers, un peu de caillasse, mais aussi de la neige, des glaciers et des lacs. Tout cela est très minéral.

 

Première tentative de sommet : nous espérons que les nuages vont disparaître dans la journée comme ils l’on fait hier, nous montons donc dans le brouillard, dans le froid et rapidement nous n’y voyons absolument plus rien. Plus on monte, plus c’est froid et venteux, si bien qu’on finit par pique-niquer à 200 mètres du sommet dans un coin qui ressemble à un frigo (avec les courants d’air en plus), avant de redescendre sans avoir rien vu.

Anecdote croustillante : fin de rando, on a eu bien chaud et tout le monde finit à poil au bord du torrent – c’est assez désagréable au début, mais à la fin c’est l’inverse.

 

Le lendemain, nous traçons en direction de l’est, à travers une vallée nous conduisant logiquement vers une autre vallée où à la fin un super spot nous attend pour planter la tente. Ça s’est effectivement passé de cette manière, sauf qu’on a quand même du marcher douze heures sur les cailloux (ah non pas des gravillons messieurs dames, mais des trucs énormes qu’il faut viser à chaque pas sinon c’est le drame, et qui bougent  plus souvent qu’à leur tour), ce qui n’est pas de tout repos sachez-le, avec 15 kg sur le dos, que certains passages furent franchement casse-gueule, et que la fin de cette épopée s’est achevée fraîchement vers 22h00. On n’est pas fatigué.
 

 


 

Des rennes nous attendaient juste à côté du spot de camping. Et puis juste quand on est arrivé, ils sont partis. Dans ces cas là c’était vraiment pas la peine de nous attendre, bizarre ces rennes. Oh oui, bizarre, bizarre ces rennes. Il faut savoir que le renne est un animal bizarre. D’abord pour cette première raison que je viens d’évoquer, ensuite parce qu’il n’a pas un physique très avantageux et je crois bien que c’est une litote. D’autre part, car il adore se vautrer pendant de longs moments dans la neige à la manière des phoques, alors que c’est un renne - donc à priori rien à voir - et alors même que nous rêvons d’un bon bain chaud. Et enfin, parce qu’il s’enfuit en courant à pattes postérieures jointes et que ça le rend encore plus ridicule. N’oublions pas qu’il est le fidèle compagnon du Père Noël et en soit c’est déjà ridicule car tout le monde sait bien que le Père Noël n’existe pas. Donc expliquez-moi comment peut-on être l’inséparable animal de compagnie d’une chimère - et ce d’autant plus que le Père Noël n’a ni tête de lion, ni corps de chèvre, ni queue de serpent. Je crois que les rennes ont une tendance mythomane voir schizophrénique. Mais est-ce vraiment le moment d’entamer une étude éthologique sur ce cervidé. Pour ceux qui veulent en savoir plus sur le sujet, je vous renvoie à l’excellente étude canadienne « Factors influencing variation in site fidelity of woodland caribou (Rangifer tarandus caribou) in southeastern British Columbia, publiée par WITTMER H, MCLELLAN B et HOVEY F, dans le Canadian journal of zoology en 2006.

Je modère cependant mes propos, quant à l’aspect peu ragoûtant de la bête, en avouant (oui j’avoue tout !) que les mâles dominants ont presque fière allure avec leurs immenses bois, une corpulence imposante et une belle robe uniforme.

 

Je disais donc avant cette digression un peu technique mais nécessaire, « On n’est pas fatigué ! ».

 

Le lendemain, Julien applique cette maxime au pied de la lettre et se lance à l’assaut d’un sommet en espérant un beau point de vue. Je reste scotché au pied de la montagne. Bilan : sieste salutaire pour moi et soleil un peu voilé sur les cimes pour lui. Mais le grimpeur insatiable en veut encore et à son retour nous repartons en direction d’un nouveau spot que nous atteignons finalement vers 22h30, de plus en plus fort. C’est pratique cette clarté nocturne, mais du coup on ne sait jamais quand s’arrêter.

Nous décidons donc de calmer un peu le jeu et aujourd’hui nous ne marchons que 5h00, avec quand même à la fin une ascension mémorable, à 4 pattes, sacs chargés à bloc, avant une arrivée sur un lac à moitié gelé où il fallut faire un peu de jardinage pour installer notre camp de base : « do not leave traces of your visit except foot steps », oui c’est cela tout à fait !

 

Le lendemain on se fait un sommet, comme c’est original ! Ça grimpe fort mais pour une fois la chance nous sourit presque, et l’espèce de brume ambiante recouvrant le plateau sommital se dissipe peu à peu, laissant la vue dégagée sur les lacs, fjords, glaciers… - vous connaissez la chanson – environnants, et c’est réellement pas trop moche. Quelques pierriers et névés plus bas, tout en glissade et dérapages parfois incontrôlés, nous revoilà en route pour une fin de journée paisible en déroulé de pente douce.

 

 


Ce matin, nous assistons à une sorte de miracle, le ciel est bleu comme un ciel bleu sans nuages, et la chaleur nous réveille, nous obligeant même à sortir de la tente pour finir la nuit (qui n’est pas noire, je vous le rappelle une nouvelle fois pour les étourdis). Ce fait est assez rare pour être souligné. Sans doute le calme avant la tempête, car à partir de ce soir, le grand n’importe quoi reprend ses droits les plus vils.

 

A Lyngseidet, les prévisions météo nous incitent fortement à accélérer de nouveau le pas. En gros, la belle randonnée qui doit nous conduire au meilleur point de vue des Alpes de Lyngen, c’est maintenant ou jamais ; plus justement, je devrais dire « c’est pour maintenant ou pour demain ».

Un gros soleil pour deux jours maximum, et ensuite la mouise totale qui doit s’installer. Donc ni une ni deux ni trois… on charge les sacs, on se prépare pour le stop, tandis que, comme pas prévu, la pluie commence à tomber, la brume descend sur le fjord, et comble du pire, aucune voiture n’est sensible à l’appel de nos pouces.

Après moult tergiversassions et hésitations, nous décidons malgré nous de boycotter le stop et d’entamer la randonnée coûte que coûte, en empruntant ce petit sentier en pointillés rouges sur la carte. Soyons clair, ce sentier existe uniquement sur la carte, car mis à part au début, on ne l’a pas bien vu. Faut dire aussi qu’on n’a rien vu du tout : brouillard intense, petit vent frais, gouttelettes fines en suspension, visibilité maximum 30 mètres. Aiguille + botte de foin = notre calvaire pour trouver le chemin. Carte + boussole  = notre trousse de secours. La randonnée se transforme en course d’orientation sans courir, en milieu très humide, et s’achève vers 23h00, on ne sait pas exactement où, mais ça n’a plus d’importance, on verra bien demain.

 

Oui c’est vrai on y voit un peu mieux, c’était pas non plus très difficile, mais le grand soleil annoncé par les prévisiologues relève plus de la lubie que du cartésianisme. A priori nous sommes sur la bonne voie et reprenons la route sans beaucoup d’enthousiasme, mais bien décidés à aller jusqu’au bout de notre petit délire ascensionnel. Ah, qu’il est doux le bonheur de remettre le matin les chaussures encore trempées de la veille ! Vous devriez essayer.

Vers midi, nous arrivons au pied de sommet de ouf d’où la vue sera à coup sûr prodigieuse. Nous installons le camp de base n° 12 et attendons l’éclaircie. Nous attendons l’éclaircie. Nous attendons l’éclaircie. Nous attendons l’éclaircie. Nous attendons l’éclaircie.

Dommage, nous attendons l’éclaircie en vain. C’est pas permis de faire des prévisions météo aussi erronées. Effectivement, nous avons constaté une sorte d’éclaircie, le brouillard a disparu, les nuages se sont perchés sur les hauteurs et il ne pleut plus que par intermittence, mais grrrr, quel vent, quel froid. Et le lendemain, ce n’est pas mieux. C’est quoi déjà le contraire de mieux ? Alors nous finissons la boucle, retour à la case départ, deux jours de mouise, de marche et d’attente pour pas grand-chose. Mais on ne pouvait pas savoir, et les météorologues non plus apparemment. Mais ça ils ne le savaient pas non plus, assurément.

 

Et voilà, la fin du voyage approche à petits pas, et ces Alpes de Lyngen nous laissent sur notre faim, oh yeah ! Alors on change tout et on ne recommence pas, fini la montagne, direction la côte, les balades paisibles, le camping, la douche et si possible le soleil. Tous nos vœux furent exaucés.

Deuxième douche du voyage (la dernière c’était il y a plus de quinze jours – on s’était quand même trempé dans le torrent la semaine dernière, relisez le début de l’épisode – donc tout va bien ; c’est les vacances, même pour la peau, repos !), gros soleil et balade tranquillou autour de l’île de Skjervøy (une bonne adresse pour les amateurs de pêche http://www.skjervoy-fiskecamp.com), prononcer « chervet ».

 

Les deux derniers jours, nous avons rejoint Alta, une « grosse » ville du Nord d’où nous devons décoller, un peu en avance, pour finalement découvrir que cette cité n’était pas très passionnante.

 

On l’avait déjà constaté, les Norvégiens sont peu versés dans l’art de l’urbanisation et c’est indéniablement à l’état naturel que le pays s’apprécie vraiment.

 

Ainsi soit-il !





 

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