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Hasta Siempre Colombia n°9 - Medellin

Publié le par Yves

L'origine et l'histoire de la fête m'étant complètement inconnue, je vais vous parler de ce qu’on a vu, en l'occurrence, le grand défilé du vendredi. Un parcours de deux kilomètres et demi à travers les rues de la ville, des estrades payantes d'un côté largement sponsorisées où marchandising, cervezas et aguardiente abondent, de l'autre côté, nous avec cette masse populaire, bien tassés et comprimés par des retardataires qui voudraient bien nous piquer nos super places, et au milieu la rue où vont se succéder pendant environ quatre heures hommes, femmes et enfants, portant sur leurs épaules des compositions florales. Mais attention, pas n'importe lesquelles, de véritables oeuvres d'art regroupant des centaines voire des milliers de fleurs, et formant des bouquets géants, des plateaux floraux, des scènes de vie légendées d'une petite devise.


Bien entendu, toutes ces oeuvres ont un poids et on a comme l'impression certaine que plus c'est grand, complexe et pesant, plus c'est prestigieux. La chaleur aidant, beaucoup s'écroulent sous la charge de leur bouquet, ce qui ne manque pas de provoquer des hurlements d'encouragement de la foule « se puede, se puede ! ». Et quand le porteur remet enfin le fardeau sur son dos, les cris redoublent d'intensité, cris auxquels se joignent des tonnerres d'applaudissements. Et comme si ce véritable travail de forçat n'était pas suffisant, la foule lance des « vuelta, vuelta » afin de mieux admirer les silletas ; petit jeu auquel se prêtent bien volontiers les protagonistes en négociant fièrement un laborieux 360. De temps en temps passe une fanfare, des danseuses, une troupe déguisée et pour clôturer le défilé, policiers et militaires paradent dans leur plus bel apparat avec une petite touche florale pour adoucir leur prestation. Présence incongrue? En tous les cas, les Colombiens apprécient.


La fête des fleurs c'est aussi une énorme exposition d'orchidées au jardin botanique où l'on découvre un nombre incroyable d'espèces et un nombre incroyable de visiteurs. On aime plutôt les orchidées sobres, bien qu'ayant des formes naturellement complexes. Les Colombiens raffolent des compositions florales monumentales, des natures mortes bien vivantes et des bouquets kitch géants.

Pour le reste de notre séjour, Medellin se révèle une ville assez moderne et sans charme particulier. Toutes ces constructions assez récentes et disharmonieuses sont même plutôt moches, comme si autant de constructeurs avaient décidé de se lâcher la main pour désunir leurs efforts et enlaidir la ville. Malgré tout, les habitants sont hyper fiers de leur cité. Le must de Medellin se situe quelque part dans le métro au format RER, le seul du pays. C'est vrai qu'il fonctionne très bien (si la RTM pouvait s'en inspirer...), et qu'avec ses récentes connexions télécabines il permet de desservir de nombreux quartiers populaires haut perchés, autrefois enclavés et impénétrables (si la RTM pouvait s'en inspirer…).

 

 

Seule la place Botéro donne envie de se poser, d'y passer un petit bout de temps pour observer les sculptures du maître local, les groupes de musique traditionnelle, les vendeurs de tout, les papis et mamies, bref la population locale. Le musée d'Antioquia est gratuit pendant la fête des fleurs ; encore une bonne occasion de compléter nos connaissances sur Botero et d’autres maîtres colombiens, ainsi que de profiter de l'exposition Picasso présentant une centaine de dessins de l'artiste et intitulée «  la suite Vollard ».

Le soir, de nombreux concerts et autres spectacles sont joués en plein air, la plupart gratuitement. Sur la Plazza Mayor, nous voyons se succéder plusieurs groupes sur le thème « Boléro y Salsa ». La majorité des Colombiens connaissent les paroles des chansons à succès ou des thèmes traditionnels. Dans certains cas, la ferveur populaire a du bon. Notre voisine et sa soeur entament la causette, puis l'apéro, et c'est finalement à coups « d'aguardente » que tout va se jouer ce soir. À la fin de la troisième bouteille, on est complètement cuits, mais elles ne veulent toujours pas nous lâcher. Heureusement, la pluie vient à notre secours, les concerts sont terminés et chacun rentre chez soi. Mais si on veut, il y'a moyen d'aller passer un week-end dans la finca familiale. Merci pour l'invitation, mais 48 heures d'aguardente ça se refuse sans façon.

 


À part la fête des fleurs, Medellin a d'autres atouts. Les seins que la plupart des filles se font refaire de manière assez ostentatoire. Si l'on y prête attention, et rapidement il difficile d’y faire abstraction, la chose est hallucinante puisqu'une fille sur deux passe sur le billard (d'après un sondage réalisé par nos soins auprès d'un échantillon tout à fait représentatif de la gente féminine). Et dans certains quartiers, où il est de bon ton de faire valoir ses arguments implantés, la proportion passe à 90 voire 100%. C'est le cas dans le quartier de la Zona Rosa, quartier des bars, restos, où les noctambules se pressent pour montrer gros 4x4, nouveau cabriolet, nouvelles prothèses, nouvelle poupée entièrement refaite ; quartier où les touristes en mal de fesses ont la belle vie ; quartier où l'on a rapidement bu un jus de fruits avant de s'enfuir. Non merci très peu pour nous.

Pascale rentre en France, pas moi. Une dernière soirée à Medellin, un dernier concert de variétés colombiennes. Musicalement, c'est assez mauvais, mais la place est bondée, tout le monde chante et danse, ils adorent et finalement c'est plutôt bon. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait l'aller-retour à pieds depuis l'hôtel car à part traverser le quartier des bars à putes et des rues désertes, j'avais rien à gagner à part une petite montée d'adrénaline made in Medellin. Mais puisque ça rime...


Pour les curieux :

 

Histoire de la fête des fleurs

Reportage vidéo sur Pablo Escobar et le cartel de Medellin

 

 

 

 

 

 

 

 

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