El condor passa y subi a la cumbre !
De retour à Latacunga, nous prospectons les agences de voyage afin de trouver le meilleur guide montagne d'Amérique du Sud. Gros coup de bol, il habite pas très loin d'ici, s'appelle Sergio et est disponible pour nous accompagner sur le Cotopaxi. Le pri x n'est pas négociable, c'est parfait quand même. Le départ est fixé à lundi matin 11h00. Il ne nous reste plus qu'à préparer le matériel (crampons, piolet, harnais, cagoule polaire, double paire de gants, frontale...) et manger quelqu es cochonneries pour se caler l'estomac. Le 4 x 4 conduit par le frère du meilleur guide - sans doute le meilleur chauffeur d'après Thomas qui s'y connait puisqu'il a passer 6 mois à enquêter sur la question du Chili à la Colombie – nous co nduit jusqu'au frère en question. Jusqu'ici tout est clair. Puis nous pénétrons au cœur du problème, puisqu'il s'agit du Parc national Cotopaxi, où un petit musée nous attends ainsi qu'une visite guidée par le meilleur chauffeur. Une mini pause à la Laguna, une petite ascension sinueuse, la route qui disparaît dans un brouillard dense, le vent qui accompagne la pluie, pas de doute on a vraiment de la chance côté météo. On se change rapidement derrière un abri, la voiture nous dépose à 4500 et nous entamons une petite montée d'environ 45 minutes jusqu'au refuge José Rivas situé à 4800 mètres. Le sol est constitué de « sable » grossier et de graviers volcaniques (comment ça vous ne connaissez pas le gravier volcanique?), et chaque pas vers le haut est accompagné d'un petit dérapage dans l'autre sens ; ce qui ravit Thomas. Une fois au gite, il ne nous reste plus rien à faire, si ce n'est attendre minuit - il est environ 14h00 – en buvant du thé, en buvant des soupes, en avalant des pâtes, en faisant semblant de dormir, en regardant les nuages se dissiper, les cimes se dessiner, le panorama se dévoiler, puis le soleil se coucher. A minuit tous les protagonistes candidats à l'ascension se lèvent après n'avoir pas fermé l'œil, revêtent leur scaphandre de combat et s'attablent pour un petit déjeuner très matinal dont personne n'a vraiment envie. Il faut dire qu'on a mangé à 14h00, à 17h30 et maintenant à minuit. A une heure, nous sommes parfaitement prêts et équipés, la frontale vissée dur la tête, le piolet à la main, et un nombre incalculable de couches vestimentaires pour faire face aux a s saut venteux. Nous avons enfilé le harnais mais pour cette première partie dans le gravier volcanique d'environ une heure trente, il n'est pas utile de s'encorder. Les crampons sont dans le sac à dos, et nous les chaussons une fois arrivés sur le glacier. La suite de la marche se déroule sur une neige gelée, donc très stable (c'est d'ailleurs pour cette raison que nous grimpons de nuit), et sous un magnifique ciel étoile. L'air est si pur que nous apercevons les lumières des villes, toutes proches, Latacunga au Sud, Quito au Nord, comme si la capitale équatorienne était aux pieds du volcan. Sergio impose un rythme assez lent mais parfaitement régulier. Il connaît parfaitement sa mission, le temps de parcours nécessaire pour chaque passage, les moments et les lieux où faire une pause, les moments où il faut marcher, coûte que coûte même si à la fin Thomas se déplace comme un zombie, même s'il rêve d'une sieste à l'ombre d'un cocotier... surtout qu'il ne reste pas grand chose. Mais ce pas grand chose, à presque 6000 mètres, ressemble à une épreuve de force. Alors il puise dans des recoins insoupçonnés, avale une dernière gorgée de Gatorade, ingurgite un ultime Milky way gelé et repart pour les derniers virages.
Vers 6h30 nous sommes arrivés au sommet et là ça se passe de commentaires. « La cumbre ou la muerte » disait le gars de l'agence. Alors on opte pour la cumbre, quoique pour certain, c'est un peu les deux à la fois.