Hasta Siempre Colombia n°10 (3) - Manizales y Los Nevados
Réveil et lever matinal. Malgré la nuit et le froid, on n’est pas plus mal que sur les paillasses inconfortables. Cafe con leche rapido, nous quittons la ferme à l’aube évanescente. Ahiro m’a annonce la couleur : aujourd’hui l’étape risque d’être un peu longue, un peu fatigante, et surtout le paysage risque d’être magnifique. Ahiro, tu ne pensais pas si bien dire, Ahiro tu es prophète en ton pays. Le chemin nous conduit doucement après quelques virages jusqu’à un plateau. Nous sommes à 4000 mètres mais le froid nous a vite abandonné sous l’effet conjugué d’un réchauffement corporel du à l’effort et au rayonnement solaire. Le plateau surplombe un lac aux couleurs changeantes et étincelantes, alimenté par les eaux des montagnes environnantes qui coulent et se rejoignent pour former un mini fleuve serpentant dans une sorte de mousse spongieuse, avant de se jeter doucement dans le grand bassin. D’ici, ça ressemble à une vue aérienne du fleuve Amazonie, à une très belle maquette vivante du cycle de l’eau.
Poursuivant le chemin sur le plateau, nous découvrons ce que je prenais de loin pour une forêt de cactus, mais en fait non. Méprise totale, méconnaissance du sujet, je suis confus. Ce sont des Frazilejones (1). Je vous prie de m’excuser. Quoiqu’il en soit, ces plantes donnent un air vraiment singulier et sauvage au paysage, un air de bout du monde. Nous quittons le plateau pour suivre une crête escarpée après avoir longé d’autres lacs plus modestes, et entamons doucement la descente. Comme il fallait s’y attendre, la végétation reprend des couleurs, quelques oiseaux exotiques de type perruches vert fluo en quête de fruits à picorer virevoltent à nos côtés, les fincas réapparaissent et nous rendons visite à l’une d’entre elles.
Un énorme chien à la « voix » forte et impressionnante nous accueille. En dehors de ça, il n’a pas l’air bien méchant. Tant mieux car son maître est absent et s’est toujours désagréable de se faire bouffer par un chien. Quelques cris, bien poussés par le guide, suffisent à rameuter le paysan parti biner son champ de patates de montagne. Après quelques échanges des plus courtois, et tandis qu’une grosse truie attirée par ma boîte de thon en tranche me passe sous le nez, nous repartons avec un litre de lait pour mélanger à nos céréales, trois kilos de fromage et un autre de sucre de canne. Ça me paraît beaucoup étant donné que nous sommes deux et que nous arrivons demain. Ahiro m’explique que ce fromage au lait de vache des montagnes est une tuerie et qu’il ramènera le reste chez lui, pour ses enfants qui adorent. Pas moi ! C’est juste du caoutchouc blanc hyper salé sans goût particulier. Pour neutraliser le sel, Ahiro englouti en même temps un bon morceau de sucre. Il fallait juste y penser.
A partir de la ferme, la descente devient beaucoup plus sportive d’autant plus que le guide un peu fatigué (c'est rassurant) décide d’expérimenter un nouvel itinéraire plus court mais beaucoup plus raide. Les fincas se multiplient, aubaine pour demander son chemin, la végétation s’éclate, les arbres grandissent, les cascades s’allongent, les rivières gonflent, la chaleur monte, la forêt se densifie, la descente n’en finit pas mais la pente devient plus douce tandis que les cailloux sur le chemin deviennent plus durs, au grand damne d’Ahiro dont les terribles bottes de randonnée en plastique lui molestent les pieds. Enfin, dix heures plus tard et environ 1700 mètres plus bas, nous posons les sacs à dos dans le jardin fleuri d’un centre de découverte nature ; endroit charmant à trois heures de marche du goudron et de l’électricité, où des lits confortables nous tendent les bras, mais où nous préférons dormir à la fraîche et à la dur dans le jardin, sous une sorte de kiosque à musique. Un bon bol de céréales et quelques étirements plus tard, nous repartons à l’assaut des sentiers caillouteux. Ahiro a de la bouillie dans les bottes, mais la marche pour rejoindre le fameux goudron est facile. Vers 13h00, une chiva géante nous emporte vers Pereira, ramassant au passage tous les collégiens des environs, la maîtresse du village et quelques ouvriers. Evidemment, nous débarquons à Pereira en plein Carnaval del Adulto Mayor, au milieu d’un défilé costumé et musical. On dirait une fête de la Toussaint où les gens s’ennuient et ne sourient pas beaucoup. De toute façon, après trois jours au calme en pleine nature, cette grande ville aux airs misérables et faussement modernes n’est pas très convaincante. Raison de plus pour partir. Le minibus est beaucoup plus persuasif, la route n’est pas mal non plus, doucement montagneuse, le long des cultures céréalières et caféières. Vers 18h00, nous sommes de retour à Manizales.
(1) Les frailejones (espeletia grandiflora) sont endémiques des steppes des Andes du nord. Ils poussent d'un centimètre par an environ et certains atteignent plus de 3 mètres. Le frailejon possède des feuilles épaisses et feutrées lui permettant de résister à la rigueur du climat. Il produit une grosse fleur jaunâtre.
Poursuivant le chemin sur le plateau, nous découvrons ce que je prenais de loin pour une forêt de cactus, mais en fait non. Méprise totale, méconnaissance du sujet, je suis confus. Ce sont des Frazilejones (1). Je vous prie de m’excuser. Quoiqu’il en soit, ces plantes donnent un air vraiment singulier et sauvage au paysage, un air de bout du monde. Nous quittons le plateau pour suivre une crête escarpée après avoir longé d’autres lacs plus modestes, et entamons doucement la descente. Comme il fallait s’y attendre, la végétation reprend des couleurs, quelques oiseaux exotiques de type perruches vert fluo en quête de fruits à picorer virevoltent à nos côtés, les fincas réapparaissent et nous rendons visite à l’une d’entre elles.
(1) Les frailejones (espeletia grandiflora) sont endémiques des steppes des Andes du nord. Ils poussent d'un centimètre par an environ et certains atteignent plus de 3 mètres. Le frailejon possède des feuilles épaisses et feutrées lui permettant de résister à la rigueur du climat. Il produit une grosse fleur jaunâtre.
Commenter cet article