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El condor passa – outra vez

Publié le par Yves

Cinquième jour, 5 h du matin, départ d’Aguas Calentes, ascension des marches à la frontale au milieu de dizaines d’autres courageux que l’appel du site mythique et surtout désert a tiré du lit avant l’aube. Être les premiers ce matin comme si on était vraiment les premiers, les pionniers, les grands explorateurs ; être les premiers pour pouvoir accéder au Waina Picchu, le célèbre pain de sucre réservé aux 400 premiers visiteurs, et d’où la vue semble embrasser à la fois le site, mais aussi toute la vallée. Finalement, la météo ne nous sera pas très favorable et le Machu Picchu se laissera désirer toute la journée, hésitant entre brouillard et pluie ; seuls, quelques accalmies sauverons la mise, de quoi découvrir et explorer les lieux, mais pas de quoi se rouler dans l’herbe verte et s’extasier pendant des heures. Juste de quoi être bien trempés, juste de quoi se dire que pour le retour a Cuzco on va pas s’embêter et qu’on a bien mérité un direct en train au prix pas très raisonnable.

 

Nous quittons le sud pour la Cordillera Blanca, après un passage éclair à Lima. Immense ville au traffic hallucinant – normal car on n’y fait pas grand chose à pieds – au “plafond“ gris quasiment permanent en hiver, sauf justement pendant cette petite éclaircie tombée du ciel, qui nous a permis de mieux apprécier le centre historique et ses rues aux façades colorées, ainsi que la quotidienne et fanfaronesque relève de la garde. Une journée en forme d’étape obligée avant de monter jusqu’à Caraz, au coeur du parc national du Huascaran, abritant notamment le point culminant du Pérou (d’où le nom du parc), et plus haute cime tropicale du monde, c’est pas rien. Caraz est un peu aux antipodes de Lima, petit village paisible pais pas pépère pour autant, où l’on peut flâner tranquillement, mais où la vie ne se limite pas à quelques vieux croulants. Au contraire, l’endroit regorge de pâtisseries bien fournies, le marché très animé déborde dans toutes les rues, la place d’Armes ne connaît point de désertions et le soir, le “centre” est en pleine effervescence. Qui l’eut cru ? Aux pieds des montagnes et quasiment au départ du plus fameux trek de la Cordillères, Caraz vit à l’abri du tourisme, comme le prouve l’unique agence de voyage du village, quand sa grande et proche cousine Huaraz, dépourvue de charme, croule sous les tours-opérateurs. Bref, on a bien aimé ce bled et notre belle hospedaje avec jardin et hamac.

 

On continue nos petites randonnées. La recherche d’Ariero (muletier) n’ayant rien donnée, nous partons à l’assaut du Santa Cruz sac au dos. Aïssata est ravie : 4 jours de portage et un col à 4750 m à franchir. Tellement ravie qu’elle ne veut plus s’arrêter et décide de sauter une étape. Résultat des courses : 3 jours de trek dont le deuxième en forme de performance avec une dénivelée +1000 / -1000 en passant par le fameux col sous la neige SVP ; neige qui deviendra pluie en fin de descente ; deux bivouacs sur deux sous la pluie, qui deviendra verglaçante et gèlera sur la toile de tente (c’est plus une tente c’est un igloo – bon d’accord, on dort juste à 4200 m) ; une légère frustration au réveil du troisième jour sous un soleil éclatant et un ciel bleu, où apparaissent au loin derrière nous tous les sommets enneigés et autres glaciers qu’on a frolé la veille dans la brume sans vraiment bien les voir. Décidément, cette histoire ressemble comme deux gouttes d’eaux (voire plus) à celle du Machu. Et puis finalement un énorme lot de consolation avec cette fin de randonnée magnifique toute ensoleillée et le retour à Yungay par une route d’une incroyable beauté, en compagnie d’un chauffeur qui vient de livrer un groupe de touristes. Finalement, ça finit bien à la fin.

 

Le lendemain, on remet ça mais sans les sacs à dos. Et l`c’est que du bonheur parce que je viens de vous le dire, on n’a pas les sacs à dos, parce que la météo y met enfin du sien, et parce qu’on a rarement vu quelque chose d’aussi beau. Cet endroit magique s'appelle la Laguna 69, et c'est peut-être pour ça qu'elle est magique. Dans le secteur, y'a plein de lagunas, pas des lagunes, des lacs, qui sont pour la plupart aux pieds des glaciers eux-mêmes aux pieds des montagnes. La 69 se trouve donc au fond d'une vallée, elle-même au fond d'une autre qui n'a rien a lui envier, aux pieds de montagnes impressionnantes, aux flancs verticaux, recouverts de neige et glace scintillants, dominant des glaciers qui plongeraient bien dans l'eau turquoise si un certain réchauffement ne les avait pas fait reculer. Bref, la Laguna 69 est vraiment sensuelle. En redescendant, on tombe nez à nez avec les cimes perchées du colosse Huascaran, une énorme cerise pour couronner la balade. Et ce ne sont pas quelques gouttes qui nous gâcherons cette fin de journée. Surtout que quand la pluie se met à tomber véritablement, nous sommes déjà à l'abri, dans l'un des bus les plus inconfortables de la planète. Il faut dire que la piste défoncée l'assiste judicieusement dans cette tâche.

 


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Perou - El condor passa por la tercera vez

Publié le par Yves

 

Le condor a juste déposé quelques nouvelles photos dans l'album Perou.

 

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Perou - El condor passa por la segunda vez

Publié le par Yves

 

perou35On parlait de détails croustillant, je vais voir ce que je peux faire. Le trek de l’Inca étant étant hors de prix et surbooké, celui du Choquequirau un peu long et complexe a organiser seuls, nous optons pour celui de Salkantay, 4 jours plus une journée au Machu Picchu. Éviter une agence, les hordes de touristes et les groupes, tout en évitant de se perdre et de trop galérer, c’est l’option retenue. Première galère pour arriver au village de départ, entre les différentes informations plus ou moins justes, les combis qui n’arrivent jamais et les taxis qui tentent de nous plumer, on parvient à Mollepata à l’heure de l’apéro. Notre premier interlocuteur est le curé de la paroisse. Peut-être pour une fois le seul être censé des environs. On cherche une mule, le muletier qui va avec et un endroit pour passer la nuit. Notre deuxième interlocuteur, c’est un gars en pick-up dont l’épouvantable photo orne un tas d’affiches à tous les coins de rue. Un candidat aux prochaines élections régionales. Il a une hospedaje, sa femme s’ennuie et nous prend pour ses enfants, elle est aux petits soins. Il a aussi un élevage de “cuy” (prononcer couille) – cochon d’Inde – il paraît que c’est bon, euh comment dire… La mission mule peut commencer. Deux heures plus tard, échec total car tous les hommes de Mollepata, et potentiels “arieros”, sont à la fois complètement torchés et totalement idiots consanguins. C’est vraiment hallucinant de ne parler qu’avec des gens débiles, bourrés et dont le physique ne laisse aucun doute sur des liens de parentés au sein du village. C’est comme dans la “Merditude des choses”, cet excellent film flamand, avec le côté comique en moins. Bref, on n’en revient toujours pas, mais on espère que demain ça ira mieux. Surtout avec ce gars pété comme un coin qui nous a donné rendez-vous aux aurores dans un instant de lucidité sur son état d’ébriété, pour envisage une collaboration. On se demande comment il envisage de tenir le coup jusqu’à 4600 mètres demain. D’ailleurs le matin, fallait s’en douter, y’a personne au rendez-vous. On finit par tomber sur un gars frais bourré à 7h du matin, mais don’t le fils qu’il sort du lit, emmène justement un groupe de touristes. On ne veut pas des touristes mais on veut bien qu’il ajoute une mule au convoi. On récupérera nos affaires au campement ce soir. L’affaire est finalement bouclée pour deux jours de mules (essentiellement le temps de la montée). Le reste se fera sac au dos, essentiellement de la descente. Je ne vais pas m’étaler sur le trek, il y aura sans doute quelques photos pour en parler. Les chiffres clés : une première nuit à 3850 m avec un vent à décoiffer un Alpaga ; le col à 4600 m le deuxième jour au pied du Salkantay et de ses glaciers en perte de vitesse ; les sacs qu’on récupère finalement à midi parce qu’on avait pas vraiment bien compris toute l’affaire avec le papa tout frais bourré, et parce que la mule est fatiguée et qu’il faut la comprendre; le deuxième camp à 2900 m et une petite cascade gelée en guise de douche ; la descente interminable du troisième jour en suivant la rivière au milieu d’une végétation tropicale et notre premier contact à Santa Teresa. Il s’agit d’un gars très relou dans un 4 x 4, qui insiste lourdement pour nous emmener justement là où nous souhaitons aller, c’est à dire un campement superbement aménagé, à quelques kilomètres de cet immonde village, avec des prairies toutes douces pour planter la tente, jouxtant des bains chauds naturels, au bord de la rivière. Ça fait rêver ! C’est dans le Lonely Planet, et c’est là qu’on va, si si ! Sauf que le gars super relou a un peu bu, et qu’il charge un autre gars encore plus bourré à l’arrière à côté d’Aïssata ravie, qu’il met la musique un peu fort pour nous faire croire qu’on est en discothèque, que l’autre gars bourré hurle en chantant, qu’il roule un peu trop vite pour nous faire croire qu’on fait un rallye, que la piste caillouteuse arrive dans le lit caillouteux d’une rivière déchaînée et fini sa course en face d’affreux bassins d’eau chaude où s’ébattent joyeusement les fameux groupes de touristes qu’on essaye d’éviter. Hep chauffeur, demi-tour on se casse d’ici, c’est pas du tout ce qu’on voulait. Trop tard, il est déjà dehors en train de boire des bières avec ses potes. Une crue a toute emporté cet hiver, enfin cet été, c’était en février. Merci de nous avoir prévenu. Finalement, notre malheur ne fut pas si pire comme disent les cousins, puisque des trombes d’eau se sont abattirent toute la nuit, et qu’on a pas regretté la tente une seule seconde. Quatrième jour, un chariot sur tyrolienne pour franchir la rivière déchaînée, c’est fun ; puis une piste en fond de vallée jusqu`à la station “hydro” ; puis un magnifique sentier le long de la voie ferrée. Tout là-haut, le Machu Picchu baigné de soleil nous nargue. Pourvu que ça dure…

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Perou - El Condor Passa por la primera vez

Publié le par Yves

Les fautes c'est á cause du clavier qwerty, désolé...

 

salinas

 

Aguas Calentes, veille de Machu Picchu. On vient de s’enfiler 4 jours de trek avec portage de sac a dos (sauf pendant la montée, on n’est pas des mules) et bivouac sous tente (sauf la ou le camping avait été emporté par les crues et qu’il ne restait plus que des tas de cailloux dans lesquels je défie quiconque de planter des sardines – même le meilleur marseillais n’y parviendrai pas). En fait, tout commence a Lima où notre couchsurfing ressemblait plus à un squat pouilleux qu’a un echange de canapé. Un couple de Français qui croyaient tout savoir du pays, une Australienne azimutée, une Allemande et sa mère en fuite pour une autre auberge, deux crétins allumés devant la télé, et les proprios inscrits aux abonnés absents. Drôle d’entrée en matière. Alors on file vers Arequipa, plein sud, où nous attendent un magnifique et confortable monastère, ville cache dans la ville – à susciter des vocations religieuses – puis le spectaculaire canyon de Colca où sévissent condors et piscines naturelles. Deux fois plus profond que le grand canyon, pas mal non? La nana du Colorado qui se promenait tranquillement et à qui j’ai dit (en anglais SVP) “ça fait bizarre de voir que certaines choses sont plus grandes qu’aux États-Unis”, m’a répondu que j’étais drôle. Je ne sais pas si elle plaisantait. On a vu de belles terrasses cultivées, de vrais forçats pour aménager tout ça (rime), puis on a passé un col à plus de 4900 m. Y’avait du vent et au loin on voyait des volcans. Description sommaire. Puno, nous voila, 3850 m. Le lac Titicaca, un mini ferry, une escale à Disney Land aux îlesUros, un faux truc traditionnel qui nous montre comment des vrais Ayamaras habitaient sur des îles artificielles faites en espèce de roseaux, flottant sur le lac et ancrées sur le fond. Intéressant mais la débauche excessive de folklore frise le ridicule. On a failli ne jamais arriver à Amantani à cause de la pompe à eau, et on dérivait doucement sur les eaux limpides et azures du lac. Un peu de système D et on a finalement passé deux jours tranquilles chez Flora, une locale comme on dit, nourris et loges localement comme on dit. Visite, balade, farnente, observation et contemplation, puis retour à Puno via Taquile, autre île traditionnelle mais néanmoins touristique, ou l'inverse je ne sais plus.C’est ce soir la qu’au petit resto sympa de Puno, que la trutcha al vapor con legumbres me fut fatale. Stupeurs et tremblements, ce sont mes prochaines 24 heures. Le trajet de Puno á Cusco fut un régal., mais les détails n’ont rien de croustillants. Cusco touristique? Euh oui, un tout petit peu. Un magasin de souvenirs, un resto, une agence de voyage, une boutique de matos pour trek, et ainsi de suite pendant des kilomètres, c’est l’agencement des rues. Y’a aussi des bars et des banques, mais le centre est joli et le mercado municipal est bien garni. Du coup, petite escapade vers Moray, un site Inca prés de Mars qui vaut le détour et la belle balade á pieds en pleine cambrousse, puis passage par les Salinas, magnifique empilement de petits bassins accrochés á la montagne et recevant l’eau chaude et salée d’une source. L’eau s’évapore, le sel se dépose en peignant les bassins d’un blanc éclatant se jette le soleil. Vraiment très réussi.
Les sacs á dos sont bouclés, le ravitaillement est prêt,la carte in the pocket et le parcours tout tracé. En route pour le trek de Salkantay, 4 jours de marche et un col á 4600 mètres, aux pieds de plusieurs glaciers., pour une arrivée en apothéose avec l’ascension du Machu le 5ème tour, c’est a dire demain. Voila, la boucle est bouclée, hormis bien entendu un peu de croustillant que je garde pour le prochain mail.

 

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Mercantour

Publié le par Yves

 

Mercantour (9)

 

Une petite mise en jambe dans le Parca National du Mercantour avant d'attaquer les sommets péruviens (voir l'abum photos).

 

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Pina Colada vs Daiquiri

Publié le par Yves







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Cuba libre vs mojito

Publié le par Yves


Ecubat c'est bien sûr le mojito qui l'emporte. La liberté ce n’est pas l'affaire de Cuba, juste une sorte d'utopie des Cubains face à une interminable monarchie. En attendant un changement dont les premiers soubresauts apparaissent discrètement, l'ennemi n°1 de la démocratie capitaliste survit tant bien que mal, et plutôt pas si mal si l'on considère l'ensemble des plaies modernes  de ses voisins sud américain auquel il a échappé : pas de bidonvilles en carton, pas de délinquance à tous les coins de rue, ni de trafic mafieux en tout genre, pas de minorité bourgeoise propriétaire de la majorité des biens, pas d'enfants pieds nus dans les rues ni de mendiants qui crèvent sur les trottoirs... La révolution a accouché d'un drôle de système, qu'on peut qualifier sans trop se tromper de dictature. Mais une dictature tropicale qui offre  éducation et formation à chaque habitant, un service de santé reconnu, un accès à la culture pour tous, et le minimum vital pour se loger et se nourrir. Certes, l'accouchement est douloureux, les sacrifices sont multiples, la mayonnaise révolutionnaire commence à retomber et la population fatiguée aspire à un renouveau. Cuba la singulière, (mal)heureuse rescapée d’un communisme déchu ; Cuba fière de sa révolution tenant tête aux puissants de ce monde avides de conquête ; Cuba crevant la dalle et rêvant de Coca ; Cuba aux visages… entre les deux mon cœur balance.





Toutes les photos en meilleures résolutions sont disponibles ici

 


La musique a été enregistrée à la Havane au Café París - avec un appareil photo, ceci explique la qualité du son – c’est d’ailleurs le nom très original du groupe « El son de Cuba ».

 




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Hasta siempre colombia - full version

Publié le par Yves

Vieux motard que jamais. Presque 6 mois plus tard, j'ai terminé de relire ma copie - qui est loin d'être parfaite, mais je m'en tiens là.
En version pdf, le récit illustré de 5 semaines de voyage.

lucha.jpg
Deux options :
- clic gauche sur l'image
- clic droit sur l'image puis "enregistrer la cible du lien sous
"


Bonne lecture.

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Le blues du facteur

Publié le par Yves

Madame,


Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de lettres comme la vôtre que je reçois chaque année. Et chaque année, je dépense toutes mes étrennes en timbres pour répondre aux vieilles esseulées dans votre genre. Et puis tout ce temps passé à écrire, quel ennui. Mais cette année, j’ai trouvé la combine. Ma femme m’a offert une photocopieuse pour Noël. Et puis les timbres, j’ai décidé de ne plus en mettre, n’en déplaise à votre collection poussiéreuse.

Mais le pire, c’est ce moment passé chez chacune d’entre-vous, dans cette atmosphère rance et nauséabonde, à écouter vos plaintes sur les années qui passent, la jeunesse qui n’est plus ce qu’elle était, et tout qui fout le camp. Quant à vos commentaires sur la météo ou sur le voisin d’en face qui se promène en caleçon dans son appartement « Quand même, le respect se perd », quel ennui profond !


Combien de fois ai-je détesté ce goût du café réchauffé, cette sensation de caramel qui se coince dans les molaires et vous détruit la mâchoire ? Mais pire que tout, je hais la vue de ces affreuses photos de chiots de l’Almanach devant lesquelles vous vous gaussées toutes. A choisir, je préfère encore vos sales petits chiens qui me mordent les mollets.


Je ne vous souhaiterai pas une bonne santé ni de passer l’hiver.


Si c’est le cas, c’est moi qui m’en irai.


Hostilement,


Le facteur.

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Hasta Siempre Colombia n°10 (4) - Manizales y Bogota

Publié le par Yves

Ce matin, vendredi 14 août, avant-dernier jour colombien. Je parle pour moi car pour le reste, la vie continue normalement. J’en profite donc pour visiter une réserve naturelle située aux portes de la ville où il est paraît-il très aisé d’observer quantité d’oiseaux tropicaux.

 

Récupérer un laissez-passer, c’est fait ; trouver un taxi pour me conduire à l’entrée de la réserve, c’est fait ; expliquer au conducteur la route étant donné qu’il n’en a jamais entendu parler, c’est fait ; quitter le goudron pour emprunter une piste boueuse, c’est fait ; me faire déposer quelques centaines de mètres plus loin par le chauffeur qui a peur de salir sa carrosserie, c’est fait ! Il ne me reste plus qu’à marcher une petite heure. Un garde m’attend à l’entrée dans cinq minutes, dommage. C’était sans compter sur la gentillesse des Colombiens et de cet ouvrier à moto qui se demandait ce qu’un gringo pouvait bien faire ici tout seul et qui me fit goûter les joies des dérapages contrôlés en deux roues. Pile à l’heure.



Le guide me fait faire le tour du propriétaire assorti de quelques explications. Je suis donc en mesure d’expliquer à mon tour l’histoire du site. Une grande partie de l’eau alimentant Manizales provient d’une source et d’une rivière locales, situées en l’occurrence exactement au cœur de la réserve. D’où l’idée qu’en préservant l’environnement à cet endroit on préservait aussi cette ressource naturelle providentielle, ce qui évite par exemple d’avoir ensuite à traiter l’eau avec un tas de produits au goût douteux. Putain, mais oui, c’est un raisonnement si simple, évident et efficient. C’est à se demander pourquoi les personnes « compétentes » n’agissent pas toujours de la sorte. La prévention plutôt que la répression, l’instruction plutôt que la correction, la préservation plutôt que la restauration. Grâce à cette politique, la réserve naturelle du Rio Blanco - notons qu’elle est située entre 2240 y 3700 mètres - abrite aujourd’hui une flore et une faune exceptionnelles, dont de nombreuses espèces d’oiseaux. Tout cela à une heure de marche du centre ville, soit quinze minutes d’un taxi pas trop regardant sur la propreté.

Le temps était un peu humide et couvert. Les volatiles se montraient peu et nous n’avons observé que cinq ou six spécimens. Mais le guide m’expliqua un tas de choses sur les plantes et l’histoire du lieu, avant de me conduire à une maison où des « buvoirs » accrochés au balcon attirent des dizaines de colibris, et offrent une observation très rapprochée de ces drôles d’oiseaux-mouches. En face de la maison, un ours égaré a été « recueilli » dans un enclos. Il fait un peu de peine à voir, tout seul dans son lit en filet. Heureusement qu’il conserve sa souplesse dorsale pour jouer avec son machin. Ahhhhhhhh… les plaisirs solitaires.


http://parquesyreservasnaturalesdemanizales.blogspot.com/


Nous redescendons ensuite jusqu’à l’entrée où je rencontre un ouvrier travaillant sur des ouvrages hydrauliques un peu plus haut. Environ deux semaines de mission dans les montagnes souvent froides et pluvieuse avant de redescendre en ville et en famille. Celui-là n’a pu attendre, un problème intestinal l’obligeant à faire un saut à l’hôpital. Il n’aura pas tout perdu puisque je repars demain et me « débarrasse » de quelques vêtements chauds.

Ah oui tiens, c’est vrai ça, c’est déjà la fin du voyage. Ce soir le bus de nuit quitte Manizales vers 22H00. Il arrive à Bogota environ sept heures plus tard. Le temps de finir ma nuit dans le terminal, de filer en ville, d’avaler mon dernier petit déjeuner, mes derniers empanadas, un jus de fruit (pas le dernier sans aucun doute), et c’est l’ouverture du musée de l’or auquel Pascale a consacré quatre heures de visite samedi dernier. Je ne tiens que trois heures car tout ce bling bling me monte à la tête.

C’est qu’ils étaient coquets les indigènes avec leurs parures, boucles d’oreilles et de nez, colliers, bracelets… Heureusement que les conquistadors ont fait une belle sélection en s’appropriant une bonne partie de la collection, souvent pour faire fondre les objets et frapper leur monnaie. Mais au fait, il parle de quoi au juste ce musée de l’or ? Et bien oui assurément, mais pas que ! On y voit aussi des objets en terre, bois et pierre, et l’on y apprend un tas de choses passionnantes sur ces civilisations pour la plupart disparues, mais dont des descendances vivent encore aux quatre coins du pays avec, pour certains, des modes de vie assez proches de l’original.

Un petit pèlerinage dans le resto où nous découvrîmes l’Ajiaco il y a plus d’un mois (cf. premier épisode), puis les traditionnelles emplettes d’artisanat signant la liquidation du porte-monnaie et la fin du voyage, suivies d’un ultime tour en bus histoire de côtoyer une dernière fois population et transports locaux, me conduisent finalement à l’aéroport international El Dorado.

Il est trop tôt pour faire un bilan, et j’ai encore trop de choses à savourer. Une certitude, ce pays est bluffant et n’a rien à voir avec les idées sordides qu’on tente de nous dicter. En tous les cas pas celles d’un pays de terroristes où la kalachnikov pointe son canon à chaque coin de rue, où l’on vous dépouille et vous enlève sans autre forme de procès, et où l’assassinat gratuit est monnaie courante. Enfin si, tout cela est vrai. Mais les terroristes ne sont pas ceux que l’on croit. Les assassins ne sont pas ces quelques minorités contraintes de se cacher pour résister, mais l’oligarchie dirigeante et bien visible. Les criminels ne s’appellent pas guérilleros mais paramilitaires et agissent en toute impunité. Les victimes ne sont pas des touristes mais des indigènes et autres résistants qui souvent ne réclament rien d’autre qu’une terre pour vivre. Tout cela est bluffant bien sûr car les bons touristes que nous fûmes n’y virent que du feu, visitèrent pendant plus d’un mois un pays paisible, magnifique et joyeux, pensant que les conflits avaient cessés, que les méchants s’étaient assagis, alors qu’en fait il ne voyaient que ce qu’on voulait bien leur montrer. Et ce n’est qu’à leur retour, curieux d’en apprendre un peu plus sur ce pays qu’ils aimaient, que la triste vérité apparue.


Hasta la vista Colombia pour visiter ta face cachée y hasta siempre Colombia la lucha continua !

 

 


 

Des infos sur la réalité colombienne :


A lire absolument :


Colombie, derrière le rideau de fumée. Histoire du terrorisme d’Etat (Hernando CALVO OSPINA)

Le Temps des Cerises éditeurs, mars 2008, 400 pages, 20 Euros

Site Internet de l'éditeur

 

A voir absolument :


Colombie, Histoire du terrorisme d'État-1ère partie

Colombie, Histoire du terrorisme d'État-2ème partie

Colombie, Histoire du terrorisme d'État-3ème partie


Plan 2 Colombie : un plan de guerre contre le peuple


De nombreuses vidéos sur : Pantuana TV


 

Et pour finir sur une note plus joyeuse, voici la recette de L’Ajiaco. L’Ajiaco est LA spécialité de Bogotá, il se prépare de différentes façon mais généralement avec les mêmes ingrédients en proportions différentes. On peut simplement changer le poulet pour un morceau de viande.

 

Ingrédients :

16 tasses d’eau (on peut échanger 4 tasses d’eau pour 4 de lait)

500 gr de patate criollas, pelées et coupées en rondelles

1 Kg de patates paramunas, pelées et coupées en rondelles

750 gr de patates sabanerass, pelées et coupées en rondelles

1,5 Kg de poitrine de poulet (ou blanc de poulet)

4 maïs tendres, coupés en morceaux

3 oignons long

4 gousses d’ail

1 bouquet guascas (herbe aromatique de Bogotá)

1 bouquets de cilantro (autre herbe aromatique, ressemble à du persil avec le goût

e la coriandre)

1,5 tasse de crème de lait

4 avocats, coupés

1 tasse de câpres

Sel et poivre

 

Préparation :

Mettre les poitrines, les patates, les oignons longs, sel et poivre à cuire dans l’eau et le lait. Mélanger régulièrement et laisser entre 45 min et 1 heure, jusqu’à ce que la viande et les patates soient cuites, qu’elles commencent à se morceler. Ensuite enlever le poulet et les oignons et mettre le maïs, qui ont été cuit préalablement, et conserver le tout à feu doux jusqu’à obtenir la texture souhaitée. On ajoute la guascas 5 minutes avant de servir.

Juste avant de servir remettre le poulet (il peut aussi se servir à coté) et servir comme une soupe avec le maïs, le poulet et le reste. Mettre dans un bol la crème et dans un autre les câpres. Chacun les ajoute dans son assiette à son goût. De même avec les avocats.

 

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